Dossier

Le grand retour du réemploi du verre

Près de Nantes, Bout’ à bout’ relance la pratique de la consigne des contenants en verre auprès des producteurs, des distributeurs et des consommateurs. Son leitmotiv : faire du réemploi un standard de consommation dans nos quotidiens.


Aujourd’hui, le destin d’une bouteille en verre vide paraît tout tracé : elle sera concassée, fondue à 1 500 °C pendant 24 heures avant de donner naissance à une nouvelle bouteille. Jusqu’au début des années 1980, pourtant, un autre circuit dominait. Les consommateurs payaient une consigne pour chaque bouteille achetée, qui leur était restituée lorsqu’ils la rapportaient en magasin. Lavée, la bouteille repartait ensuite en circulation. Quasiment disparu avec l’avènement des emballages à usage unique, ce système est en train de faire son grand retour, porté par le contexte actuel de réduction des déchets. L’entreprise nantaise Bout’ à Bout’ fait partie des pionnières de la consigne nouvelle génération. 

« Nous étions d’abord une association à visée locale, raconte Célie Couché, sa fondatrice et présidente. Notre objectif est aujourd’hui de développer à grande échelle une filière complète de réemploi des pots et bouteilles en verre. » Soutenue dès ses premières expérimentations par l’ADEME, puis par l’écoorganisme Citeo, l’entreprise accompagne des producteurs pour qu’ils adaptent leurs contenants en vue du réemploi. Elle développe un réseau de points de collecte, informe les consommateurs pour les inciter à rapporter leurs contenants, collecte et, enfin, lave les pots et bouteilles. Sur ce dernier point, elle vient de franchir un cap décisif avec l’inauguration de la plus grande usine de lavage de France, à Carquefou (44). Cette installation lui permet d’assurer un niveau de qualité industrielle aux producteurs de boissons. De quoi aborder l’avenir avec sérénité. 

L’entreprise s’attend à une croissance de la demande. La loi AGEC fixe en effet un objectif de 10 % d’emballages réemployés à l’horizon 2027, contre moins de 2 % aujourd’hui. « Cet objectif n’est pas suffisant, note Célie Couché. Le secteur de la bière en Allemagne, lui, atteint les 45 % de réemploi. » S’il attend un signal politique plus fort, le secteur de la consigne pour réemploi est de plus en plus dynamique, avec un nombre d’acteurs croissant issus de toute la chaine de valeur, rassemblés au sein du Réseau Vrac et Réemploi.

2,6  Mt/an

Le verre représente la moitié du poids total des déchets ménagers en France.

(source : Emballages ménagers – données 2021, ADEME)

Dès 4 utilisations,

avantage systématique du réemploi des emballages en verre consignés par rapport aux emballages en verre à usage unique (sur les indicateurs changement climatique, émissions de particules, formation d’ozone photochimique, acidification, épuisement des ressources fossiles…).

(source : Évaluation environnementale de la consigne pour le réemploi des emballages en verre en France, ADEME 2023)